Végétalisation du bâti: halte au greenwashing
Comment les acteurs de la fabrique urbaine s’approprient-ils la végétalisation du bâti, greenwashing ou véritable démarche environnementale ?
Sur les panneaux de chantier ou dans les images 3D des concours d’architecture, on voit souvent des arbres et du vert n’importe où et souvent n’importe comment, et effectivement c’est vendeur ! Comment distinguer une vraie stratégie d’intégration de la biodiversité à l’échelle du bâti d’un simple placage de la couleur verte sur les balcons, les façades et les toitures ?
Commençons par déconstruire le mythe du Bosco verticale, immeuble à Milan et totem de l’immobilier « vert ».
Derrière l’image séduisante du projet, les vertus vantées d’atténuation de la pollution, d’absorption des émissions de CO2 et de réduction de l’effet d’ilot de chaleur urbain, il faut en révéler quelques limites :
- Derrière l’image de forêt verticale, se cache une ossature en béton armé de 2 tours de 17 et 24 étages
- La quantité de béton supplémentaire pour renforcer les dalles de balcons devant supporter le poids la terre végétale ainsi que les plantations
- Tout le système d’arrosage automatique mis en place pour irriguer les 10 000 m² de végétation plantée hors-sol
- L’apparition d’effets indésirables comme l’invasion des logements par des moustiques et insectes
- En hiver, froid et sec à Milan, le dénudement des arbres donne une tout autre impression du projet, avec une végétation bien moins luxuriante
Milan est une des villes dont la qualité de l’air est une des plus mauvaises au monde donc végétaliser le bâti n’est qu’une solution cosmétique ou dernier recours. Il vaudrait mieux en revanche envisager en priorité la désimperméabilisation des sols urbains. La terre et l’eau sont de véritables puits carbone et il ne faut pas oublier que sous les pavés milanais se trouve un système de canaux !
Enfin, il s’agit de décarboner les usages, la mobilité, le chauffage des bâtiments ainsi que les activités économiques et industrielles, Milan étant la capitale économique de l’Italie.
La végétalisation du bâti ne doit donc pas être présentée comme une solution miracle en tant que telle, mais comme une composante d’une stratégie globale de résilience et d’adaptation au changement climatique. La forme urbaine, les matériaux de construction, la composition des façades ainsi que l’albédo des revêtements sont autant de paramètres à prendre en compte dans l’atténuation de l’effet de l’ilot de chaleur urbain.
La végétalisation des ilots urbains pour qu’elle soit efficace, ne doit pas être pensée seulement à l’échelle du bâti, mais aussi à l’échelle des espaces publics et de la ville avec la mise en place de trames vertes et bleues.
Pour aller plus loin:
https://www.cerema.fr/fr/actualites/rafraichir-villes-guide-synthetique-propose-approche
https://chroniques-architecture.com/forets-verticales-cactus-deshydrates