Énergie et bâtiment : d’énergivore à passif

Dans un monde où la demande en énergie des bâtiments représente près de 40% de la consommation totale d’énergie et contribue à environ 30% des émissions mondiales de CO2, la question de l’efficacité énergétique des constructions est devenue cruciale. Réduire la dépendance énergétique des bâtiments est désormais un impératif pour préserver les ressources naturelles et la biodiversité.

1. Construire dans un monde fini en ressources

Face à la finitude des ressources naturelles, la construction durable est devenue une nécessité. Concevoir des bâtiments en prenant en compte leur impact sur l’environnement au travers d’une analyse de cycle de vie (ACV), depuis l’extraction des matériaux jusqu’à leur démolition, est essentiel pour préserver notre planète pour les générations futures.

Principe de l’ACV (CEREMA)

2. Principe du Passivhaus

Le concept du Passivhaus, né d’une collaboration entre professeurs allemands et suédois, ou maison passive, repose sur une conception bioclimatique et des technologies innovantes visant à minimiser la consommation énergétique des bâtiments. En utilisant des isolants performants, une étanchéité à l’air optimale, une ventilation contrôlée et des sources d’énergie renouvelable, les maisons passives parviennent à réduire drastiquement leur consommation énergétique, voire à devenir autonomes en énergie.

La conception de la maison Passivhaus, tel que spécifiée par l’Institut Passivhaus de Darmstadt en Allemagne, est basée sur les six principes suivants :

  1. Une isolation thermique des parois très élevée et des fenêtres de très grande qualité
  2. La suppression des ponts thermiques
  3. Une excellente étanchéité à l’air
  4. Une ventilation double-flux avec récupération de chaleur
  5. Une captation optimisée (mais passive) de l’énergie solaire et des calories du sol
  6. Une consommation d’énergie limitée pour les appareils ménagers
Les 5 principes du Passivhaus

3. Les réglementations et labels (RE2020, décret tertiaire etc.)

Les réglementations et labels environnementaux, tels que la RE2020 en France ou le décret tertiaire, imposent des normes de performance énergétique de plus en plus strictes aux bâtiments neufs et existants. Ces dispositifs incitent les acteurs du secteur immobilier à investir dans des solutions éco-responsables et à repenser leurs pratiques pour réduire leur empreinte carbone.

Synthèse des flux énergétique pris en compte par la RE 2020 (CEREMA)

Quelles sont les exigences de performance énergétique et environnementale de la RE2020 ?

  • Coefficient du besoin bioclimatique (Bbio) : ca pacité de la conception d’un bâtiment à réduire passivement les besoins de chauffage en hiver, de refroidissement en été  et d’éclairage artificiel
  • Coefficient d’énergie primaire (Cep) : énergies importées nécessaires à la couverture des besoins du bâtiment
  • Coefficient d’énergie primaire non renouvelable (Cep,nr) : vecteurs énergétiques non renouvelables pour couvrir les besoins du bâtiment
  • Icénergie : impact sur le changement climatique de la consommation des énergies pendant l’utilisation du bâtiment sur toute sa durée de vie
  • Iccomposant : impact sur le changement climatique associé aux composants du bâtiment y compris le chantier de construction
  • Degrés-heures d’inconfort : niveau d’inconfort perçu par les occupants, la température intérieure du bâtiment ne doit pas dépasser 2 seuils pour éviter tout inconfort:
    • La nuit, le seuil de température est de 26°C
    • Le jour, le seuil de température entre 26 et 28°C
Calculcul de l’impact d’un bâtient (CEREMA°

Le décret tertiaire

L’objectif du décret tertiaire est de réduire les consommations d’énergie des bâtiments neufs et existants de 40% en 2030, de 50% en 2040 et de 60% en 2050. Tous les bâtiments tertiaires publics et privés dont la surface totale est supérieure à 1000m² sont concernés par le décret tertiaire. Parallèlement, le décret tertiaire impose aux assujettis de déclarer leurs consommations d’énergie et leur année de référence. Cette déclaration doit se faire sur la plate-forme OPERAT (Observatoire de la Performance Energétique de la Rénovation et des Actions du Tertiaire).

Tous les bâtiments tertiaires publics et privés neufs et existants, dont la surface cumulée est supérieure à 1000 m², sont concernés par le décret tertiaire :

  • établissements de santé et d’enseignement
  • hôtels, restaurants, cafés
  • commerces
  • administrations, bureaux
  • bâtiments de justice
  • aéroports, gares
  • établissements sportifs et culturels
  • logistique
  • etc.

Les méthodes pour parvenir aux objectifs du décret tertiaire

Les objectifs sont progressifs. Ils peuvent être atteints suivant deux modalités alternatives. Le choix s’effectuera suivant la stratégie adoptée.

Atteinte de l’objectif en valeur relative

L’objectif correspond à une réduction de la consommation d’énergie finale : 

  •  par rapport à une année de référence (au choix de l’assujetti) située entre 2010 et 2019
  •  incluant tous les usages énergétiques sur une année 
  •  ajustée des variations climatiques (modalités de correction définies par arrêté) 
  •  qualifié par des données d’occupation et d’intensité d’usage correspondantes renseignées par vos soins

Les valeurs à respecter s’établissent respectivement à partir de la consommation énergétique de référence avec une réduction de -40 % (2030), -50 % (2040) et -60 % (2050).

Atteinte de l’objectif en valeur absolue

L’objectif est déterminé :

  •  pour chaque catégorie d’activité 
  •  incluant tous les usages énergétiques sur une année 
  •  par un seuil exprimé en kWh/m2/an en fonction de la consommation énergétique des bâtiments nouveaux de la même catégorie d’activité et des meilleures techniques disponibles 
  •  en tenant compte d’indicateurs d’intensité d’usage propres à chaque typologie d’activité

Les valeurs à respecter sont fixées par des arrêtés avant le début de chaque décennie et les objectifs doivent être atteints à chaque échéance (2030, 2040, 2050).

Quelle est la différence entre un label et une certification ?

Un label certifie les performances d’un matériau ou bâtiment sans être encadré par la loi alors que la certification l’est.

Les labels existants :

  • BBC, bâtiment basse consommation est un label qu’on attribue aux bâtiments qui consomment peu d’énergie pour le chauffage, l’eau chaude sanitaire, la ventilation et l’éclairage. En moyenne, un bâtiment labellisé BBC est 50% plus économe que les autres bâtiments standards.
  • BBCA, Bâtiment Bas Carbone. Il sert à mesurer l’exemplarité d’un bâtiment neuf ou rénover en matière d’empreinte carbone. Pour mesurer cette empreinte carbone on prend en compte : la construction du bâtiment (sobriété de la conception, le choix des matériaux), l’exploitation (énergies renouvelables par exemple), le stockage carbone (matériaux bio-sourcés). Il existe différents niveaux de performance : le BBCA standard, BBCA performance et BBCA excellence.
  • Le label réglementaire d’état Bâtiment Biosourcé est délivré par l’organisme Certivéa. L’obtention de ce label se fait en association d’une certification NF HQE ou NF HPE.
  • Le label BBC Effinergie peut être délivré aux bâtiments conformes à la RT (réglementation thermique) 2012. Au niveau des exigences du label BBC Effinergie, il faut que le bâtiment soit de qualité, présente un certain confort de vie , qu’il soit respectueux de l’environnement et qu’il reste peu coûteux en énergie pour ses futurs habitants.
  • Haute Qualité Environnementale. Un bâtiment labellisé HQE est respectueux de l’environnement dès sa construction. Il faut que les logements n’aient pas d’impact sur l’environnement extérieur (son chantier doit être à faible nuisance aussi bien sonore qu’au niveau du traitement des déchets).

Les certifications :

  • ACERMI : label de l’Association pour la Certification des Matériaux Isolants. Il permet de certifier des isolants grâce à des exigences de performances acoustiques, mécaniques, de réaction au feu ou encore de stabilité dimensionnelle. Les matériaux isolants ACERMI sont testés en amont et si vous les utilisez, vous serez sûrs de leur performance énergétique.
  • Certification délivrée par Qualitel, NF habitat permet d’attester que le logement en question soit de bonne qualité et performant techniquement : bonne qualité de vie dans le logement, une performance économique et un respect de l’environnement.

La transition vers des bâtiments à faible consommation d’énergie ne se limite pas à des considérations techniques. Les concepts de thermique et de physique du bâtiment, ainsi que les enjeux financiers et administratifs, doivent être intégrés dès la phase de gestion de projet. En rénovation notamment, une approche holistique prenant en compte les aspects techniques, administratifs et financiers est indispensable pour atteindre les objectifs de neutralité carbone du parc immobilier.


https://www.passiv.fr/spip/index.php

https://passivehouse-losangeles.com/passive-house/

https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/guide_re2020_version_janvier_2024.pdf