Les bâtiments, vecteurs de résilience des villes

Dans un monde en constante évolution, où les enjeux environnementaux et climatiques occupent le devant de la scène, la question des bâtiments, comme vecteurs de résilience des villes, est devenue une priorité émergente pour les acteurs de la fabrique urbaine.

Cet article se penche sur l’importance de la résilience des bâtiments en abordant cinq points cruciaux : l’adaptation au changement climatique, la réduction des émissions de CO2 l’utilisation raisonnée des ressources, l’évolution des modes de vie, et la préservation des sols.

Bjarke Ingels Groupe, The Big U, New York City

1. Adaptation au changement climatique

L’augmentation des catastrophes climatiques, telles que les inondations, les tempêtes, et les vagues de chaleur, a rendu impératif l’adaptation des bâtiments aux conditions climatiques changeantes. La résilience des bâtiments implique la construction de structures capables de résister à ces événements tout en minimisant les dommages. L’intégration de systèmes d’isolation thermique, de toits verts, et de fenêtres à haute efficacité énergétique est essentielle pour renforcer la résistance des bâtiments face au changement climatique.

Rebuild by Design, États-Unis

Il s’agit d’un programme novateur destiné à renforcer la résilience des villes côtières des États-Unis contre les tempêtes et les inondations. Il a donné lieu à des projets tels que la protection du littoral de la ville de New York, le Big U, et la création de parcs et d’espaces verts résilients.

 Amsterdam, Pays-Bas

   Amsterdam est réputée pour sa gestion de l’eau et ses canaux. La ville a adopté une approche innovante en créant des « rues résilientes à l’eau » qui peuvent gérer les inondations tout en maintenant la vie urbaine.

Rotterdam, Pays-Bas

Rotterdam est une ville portuaire qui a dû faire face à des problèmes d’inondations. Elle a développé un certain nombre de projets de résilience, notamment des squares inondables.

De Urbanisten, Rotterdam Water City 2035, Rotterdam

2. Réduction des émissions de CO2

  • Les bâtiments sont responsables d’environ 40% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
  • Les villes sont responsables de plus de 70% des émissions de carbone mondiales en raison de la concentration de la population, de l’industrie et des transports en milieu urbain.

 La réduction des émissions de CO2 est au cœur de l’effort mondial pour lutter contre le réchauffement climatique. Les bâtiments, responsables d’une part significative de ces émissions, doivent évoluer vers des conceptions plus durables. L’utilisation de matériaux de construction plus respectueux de l’environnement, l’intégration de systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation à faible consommation d’énergie, ainsi que l’adoption de sources d’énergie renouvelable sont autant de moyens pour réduire l’empreinte carbone des bâtiments.

Copenhague, Danemark

   Copenhague est souvent citée comme un exemple de ville résiliente en raison de ses efforts pour devenir neutre en carbone d’ici 2025. La ville a investi massivement dans les infrastructures cyclables, réduit les émissions de CO2 et prépare ses quartiers côtiers à l’augmentation du niveau de la mer.

Bjarke Ingels Group, CopenHill Energy Plant and Urban Recreation Center, Copenhague

3. Préservation des sols

  • Environ 30% de la superficie totale des terres émergées de la planète est consacrée à l’urbanisation, à l’agriculture, aux infrastructures routières et aux espaces industriels.
  •   L’expansion urbaine continue à manger des terres agricoles et des zones naturelles à un rythme alarmant. Chaque minute, l’équivalent de 30 terrains de football disparaissent sous l’urbanisation.

   La préservation des sols est un aspect souvent négligé de la résilience des bâtiments. L’urbanisation croissante peut avoir des conséquences néfastes sur les sols, entraînant des inondations et une diminution de la biodiversité. Les pratiques de construction durables, telles que la réduction de l’imperméabilisation des sols, la création d’espaces verts, et l’utilisation de techniques de gestion des eaux pluviales, sont essentielles pour préserver les sols et maintenir un environnement sain.

4. Vers une utilisation raisonnée des ressources

  •   Les bâtiments génèrent près de 40% des déchets solides dans le monde.
  •   Les bâtiments consomment jusqu’à 40% de l’eau douce disponible dans le monde.
  •   Les bâtiments consomment environ 32% de l’électricité mondiale et sont responsables d’environ 19% de la consommation totale d’énergie.

L’intérêt de limiter l’utilisation de ressources et de réduire la production de déchets dans la construction de bâtiments ne peut être surestimé. La construction traditionnelle consomme d’énormes quantités de matériaux, d’énergie et d’eau, tout en générant des déchets considérables.

En favorisant la réutilisation de matériaux, nous réduisons la demande de matières premières et contribuons à réduire la pression sur les écosystèmes.

 La rénovation de bâtiments existants est également une approche durable, permettant de prolonger la durée de vie des structures et de réduire la consommation de ressources liées à la construction de nouvelles infrastructures. De plus, ces pratiques peuvent réduire les déchets de construction, contribuant ainsi à préserver l’environnement et à réduire les coûts associés à l’élimination des déchets.

Singapour

   Singapour a mis en place des mesures de résilience telles que la gestion de l’eau (voir article précédent https://domolis-conseil.com/approche-des-projets-de-renovation-par-la-gestion-durable-de-leau/), la production alimentaire locale, la végétalisation des toits, et la planification urbaine durable pour faire face aux défis de la densité urbaine et de la pénurie de ressources.

Cascade de récupération d’eau de pluie à l’aéroport de Changi, Singapour

5. Évolution des modes de vie

   Les modes de vie évoluent rapidement, et les bâtiments doivent s’adapter pour répondre aux besoins changeants de leurs occupants.

Les espaces de travail flexibles, les bâtiments multifonctionnels et les quartiers intelligents sont des tendances émergentes qui favorisent une utilisation optimale des infrastructures existantes. La résilience des bâtiments se traduit par leur capacité à évoluer et à s’adapter pour satisfaire les exigences changeantes de la société.

En conclusion, la résilience des bâtiments est un défi majeur pour les professionnels de l’urbanisme et de l’immobilier. En s’adaptant au changement climatique, en réduisant les émissions de CO2, en suivant les évolutions des modes de vie, et en préservant les sols, les bâtiments peuvent jouer un rôle clé dans la création d’environnements durables et résilients.

Cette approche ne profite pas seulement à l’environnement, mais aussi à la qualité de vie de ceux qui vivent et travaillent dans ces bâtiments. La résilience des bâtiments est donc une démarche qui mérite une place de choix dans l’avenir de l’urbanisme et de l’immobilier.

Pour aller plus loin

https://www.urbanisten.nl/work/rotterdam-watercity-2035

https://www.archdaily.com/493406/the-big-u-big-s-new-york-city-vision-for-rebuild-by-design

https://www.archdaily.com/493406/the-big-u-big-s-new-york-city-vision-for-rebuild-by-design