Biomimétisme: quand le monde du vivant inspire les bâtiments

Tout d’abord qu’est-ce que le biomimétisme ? Le terme est apparu pour la première fois dans la littérature scientifique en 1962. Les spécialistes le définissent comme « mise en œuvre d’une conception de qualité fondée sur la nature » ou « comme l’imitation consciente du génie de la nature ». On peut parler aussi de conception bio-inspirée ou de biodesign.

biominicry
Les écailles du Singapore Arts Center

Dans son livre, la papesse du biomimétisme Janine Benyus a listé un certain nombre de principes ou de lois :

  • La nature fonctionne à l’énergie solaire
  • La nature n’utilise que l’énergie dont elle a besoin
  • La nature adapte la forme à la fonction
  • La nature recycle tout
  • La nature récompense la coopération
  • La nature parie sur la diversité
  • La nature valorise l’expertise locale
  • La nature limite les excès de l’intérieur
  • La nature transforme les limites en opportunités

Des architectes comme Le Corbusier, Frank Lloyd Wright se sont beaucoup inspirés de formes issues de la nature, pour des raisons esthétiques mais aussi constructives. Les formes, les structures, les matériaux peuvent conçus selon des logiques propres aux organismes vivants et végétaux. La nature fait une utilisation très sobre de la matière en appliquant le pli, la voute, la nervure, le gonflement et bien d’autres procédés. L’architecte-ingénieur Pier Luigi Nervi, notamment, s’est fréquemment inspiré des spécimens naturels pour créer des structures efficientes comme le Palazetto dello Sport qui ressemble étonnamment à la feuille Victoria amazonica. Dans les deux cas, une structure en T permet de rigidifier une couche mince.

Face aux crises sociétales, le biomimétisme offre des clés pour repenser la ville et ses bâtiments. L’enjeu est de rendre les villes plus résilientes et plus habitables, tout en réduisant leur empreinte carbone.

L’agence d’architecture Béchu & Associés a développé un projet de logements inspiré du comportement des manchots. Le quartier résidentiel e situe à Skolkovo, en Russie, et les stratégies de survie des manchots ont été transposées à l’organisation spatiale du projet. Les manchots se regroupent en cercles concentriques denses afin de se protéger du froid, ce qui permet d’optimiser la régulation thermique de la colonie en créant des ilots de chaleur.

Cela se traduit par des maisons individuelles qui sont disposées en grappes de 9 autour d’espaces communs, formant des ilots distincts. Chaque grappe est orientée de façon à favoriser l’ensoleillement. Cette organisation radioconcentrique en quinconce du plan masse, permet d’optimiser le confort thermique en protégeant les coeurs d’îlots des vents froids, ce qui permet d’économiser 5°C de température tout en maximisant l’ensoleillement des logements. La densité du bâti agit comme un isolant, à l’image du regroupement compact des manchots. Entre les bâtiments, un réseau de venelles et de placettes reproduit les interstices entre les manchots, permettant la circulation de l’air et des flux de chaleur.

Ce projet se situ parmi tant d’autres faisant la part belle à des innovations issues de l’observation du vivant et de son fonctionnement. L’application de principes biomimétiques pour le développement d’opérations urbaines ou immobilières requiert un important processus de R&D ou de recherche-action. Des concepts d’organisations spatiale ou de structure porteuse inventifs et singuliers en ressort souvent mais aussi des formes et espaces en harmonie avec le paysage.


https://www.bechuetassocies.com/#contact_section

https://www.ruedelechiquier.net/essais/19-biomimetisme.html

https://www.ruedelechiquier.net/essais/243-biomimetisme-et-architecture.html